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Artistes : Mathieu Arbez Hermoso, Minia Biabiany, Loïc Blairon, Jean-Baptiste Caron, Claire Chesnier, Régis Feugère, Benoît Géhanne, Jean-Baptiste Lenglet, Audrey Martin, Jérémie Setton, Michaël Jourdet, Florian Viel, Laure Vigna, Jérémy Chabaud

Période : Avril 2013 / Lieu : Cloître des Billettes (Paris) / Exposition collective / Commissariat : Jean-Christophe Arcos / Production : Jeune Création ///

1427. Comme pour s’en convaincre, le Saint Siège condamne pour la seconde fois les théories de John Wyclif, inspirateur de la Réforme, près de 50 ans après sa mort. Pierre angulaire de la conception nouvelle de Wyclif : le lien direct entre l’humanité et son Dieu. Par ordre du Pape, cette même année, ses ossements seront déterrés, brûlés et jetés dans la Tamise. Brûler la dépouille pour éteindre la pensée.

C’est cette année que le cloître d’origine de l’église des Billettes est construit. En même temps qu’un cimetière, aujourd’hui recouvert. L’église deviendra luthérienne en 1808.

Cette même année voit encore la première représentation de La Dispute de l’âme et du corps, objet de théâtre (sans auteur) utilisé par la Contre Réforme pour contenir par tous moyens l’avancée du protestantisme en Europe.

L’exposition La dispute de l’âme et du corps prend appui sur un lacis complexe d’événements pour mettre au jour un parallèle entre des mécanismes propres à l’histoire de l’art, opposant la matière à l’intention, la plastique au concept, et le caractère nodal qu’a pu revêtir le questionnement sur l’incarnation et le lien à la transcendance dans la période trouble d’émergence de la Réforme.

En gardant l’autonomie des deux champs, le contexte devient un prétexte pour évoquer des conciliations, des soustractions, des remises en cause, des tensions, des dialogismes, agitant la relation entre l’œuvre et son objet, et, finalement, explorer le face à face présent à toute création.

 

 

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Mathieu Arbez Circulant autour de l’actualisation que permet le langage, la recherche artistique de Mathieu Arbez Hermoso convoque les notions de mémoire, de matérialité et de communauté. Créant une tension entre des liens invisibles et les marques qui les accompagnent dans le monde réel, son travail entend révéler une histoire politique, marquée par des systèmes de domination culturelle ou physique, autant que relever les points aveugles de l’histoire de l’art. Il se situe ainsi dans une reprise des mécaniques de création telles que véhiculées par la cosmogonie occidentale (dans laquelle le Verbe informe le monde) mais en propose une vision critique, parfois habitée par l’humour. Ici, il propose d’acheter des pensées via Internet.

Mina Biabiany Par son geste de dessin, Minia Biabiany renvoie au lieu d’exposition comme matière première et destination de l’œuvre. Agençant un nouvel espace au sein de l’espace déjà présent, elle met en lumière les éléments constitutifs des sites où elle déploie son œuvre : éléments disponibles, visibles, qui sont détournés, et éléments absents, qu’ils soient usage ou mémoire. Le vide devient alors le corps principal de ce travail d’enquête et de mise au jour. Ici, elle propose des objets mêlant artefacts, coton de culture et branchages.

Loïc Blairon A partir d’un vocabulaire formel et d’un lexique de matières qui croisent aussi bien une histoire de l’art (abstraction géométrique, art minimal, Bauhaus…) que des cadres référentiels liés aux sciences physiques, à l’histoire naturelle, au bricolage, Loïc Blairon ménage des déplacements infimes dans l’ordre du réel. Cette façon de faire silence met au travail notre disponibilité à saisir un « déjà-là » des choses impliquant un rapport physique aux éléments arrangés par l’artiste. Ces compositions, pour poétiques qu’elles soient, entendent révéler avant tout leur propre être au monde. Ici, il propose un caisson creux réalisé en panneaux de polystyrène extrudé.

Jean-Baptiste Caron Attentif à la variation minime qui, répétée selon des lois décidées par l’artiste ou par la nature comme la gravité, les courants d’air ou les mouvements célestes, parvient à opérer un écart allant jusqu’à la disparition de l’objet lui-même, Jean-Baptiste Caron rapproche son travail de celui de l’archéologue analysant ou reproduisant les mouvements de sédimentations ou d’érosion. Vouer au néant des pavés de grés ou agréger la poussière procède dès lors du même mouvement, le déplacement des objets dans l’échelle du réel. Ici, il propose une plaque de marbre « gravée » à la poussière.

Jérémy Chabaud Collection protéiforme d’objets évoquant le culte, et poussant à l’occasion le credo à son paroxysme d’érotisation, d’hystérie ou de grotesque, le travail de Jérémy Chabaud explore les étapes du renversement qui fait du rituel établi une bacchanale. Au revers de ces mises en scène, ou plutôt de ces mises en signes, demeure la précarité des systèmes de croyances, qu’interrompt de façon inéluctable la fragilité des vies humaines. La vanité n’est jamais loin : même érigé au rang de divinité, le désir devra disparaître ; même sculptée dans la pierre, la figure humaine ne peut être éternelle. Ici, il propose un cheminement dans la matière reprenant les formats des dalles.

Claire Chesnier Déployée dans un lexique de figures abstraites en augmentation permanente, l’œuvre de Claire Chesnier frappe d’abord par la pureté des formes et la rigueur du protocole : bordée d’un halos, d’une crête ou d’une auréole, étendant jusqu’à ses contours l’encre qui prend le temps de déplier ses nuances, chaque découpe se fixe à la surface du papier blanc.Indexées par ordre, toutes formes font partie d’un corpus : par métonymie, chacune revient au tout, s’y fond, s’en détache, s’y ajoute. La sérialité sert ici la volonté d’épuisement de l’artiste : épuisement d’abord de l’idée même de répétition, puisque chaque forme est, jusqu’à l’infini, unique. La transcendance abstraite et l’immanence répétée se confondent dans un projet totalisant qui, malgré une aridité qui n’est qu’apparente, invite à la méditation autant qu’à la jouissance esthétique. Ici, elle propose 886.3, un dessin datant de 2012.

Régis Feugère Dans les lieux délaissés, dans les moments ténus, Régis Feugère fixe le célibat des choses. Que le bitume soit gagné par l’obscurité, que les frondaisons d’arbres majestueux soient absorbées par une brume probablement tératogène, ou, comme dans la série Entropie, que la tôle corrodée d’un entrepôt éventré s’expose généreusement au vent, à la pluie et au regard, l’artiste parvient à saisir l’imminence jouissive du désastre, l’euphorie de la disparition, le mystère de ce qui va bientôt atteindre le seuil. Si le rapprochement avec les vanités peut en constituer une première expérience, dans la mesure où la limite, la finitude, sont ici omniprésentes, ce travail se signale également par la tension, si ce n’est la lutte, dans laquelle ces objets tentent de se maintenir par-delà l’image. Ici, il propose une photographie d’un hangar vide abandonné.  

Benoît Géhanne Réintégrant l’image dans un environnement multiple, le travail de Benoît Géhanne élabore également un corpus de gestes qui font tous écho à la pluralité des statuts de l’image, à la variété de ses invocations. A travers ce travail plastique, l’artiste tente de mettre en procès la nature liquide de l’image. Procédant par captures ou par liaisons, par oppositions ou par juxtapositions, il s’emploie dans le même temps à une mise au jour de nos propres mécanismes d’appréhension de l’image. Désactivées au sens où elles ne sont pas exposées, les images enfermées dans ces Biais sont pourtant activées en tant qu’images désirées : est ainsi révélé le déplacement de la charge des images vers notre propre investissement de leur puissance évocatrice. Ici, il propose une série de biais capturant des photographies.

Michaël Jourdet Avançant à reculons, l’œil fixé au reflet de la Méduse, Persée parvient à atteindre la Méduse sans que le regard pétrifiant de celle-ci ne puisse le mettre en échec : ainsi avance Michaël Jourdet face à l’histoire de l’art. Si l’artiste « fait écran », c’est avant tout pour pouvoir approcher les mythologies de l’art du 20e siècle, les récits qu’il a générés ou suscités, en réalisant une triangulation désarmante. Adaptant les systèmes de cryptage ainsi élaborés à d’autres champs de l’activité humaine suspectés de mystification (histoire scientifique, religion, littérature, mass media…), il met à l’épreuve de l’abstraction toute certitude apparente. Ici, il propose une série d’images formées à partir de lancers de dés.

Jean-Baptiste Lenglet Puisant son imagerie dans le cinéma underground, les contre-cultures, les mythologies modernes, les faits divers, Jean-Baptiste Lenglet pratique avant tout une archéologie de l’inaperçu : archivant les faits et leur (re)présentation, l’artiste traque la mémoire collective dans ses infimes replis, fait comparaître l’innombrable matière oubliée et sans nom, et remet en cause les motivations de nos méthodes inconscientes de classement. Dans son travail  s’entrechoquent ainsi avec délectation les volontés de contrôle et les utopies artistiques. Ici, il propose de confronter les soupçons du philosophe Michel de Certeau à l’affaire des Possédées de Loudun, revisitée en pleine Guerre froide par le cinéaste polonais indépendant Jerzy Kawalerowicz.

Audrey Martin Interrogeant la fonction de l’artiste et sa capacité à créer une vision alternative de la réalité, le travail d’Audrey Martin est peuplé de machines célibataires et d’images dont l’éphémère se rapproche de la fugacité. Empruntant avec ironie à l’histoire de l’art son goût pour les matières nobles et les mises en scène éloquentes, elle opère un retournement du système sur lui-même pour en révéler les vacuités. Ici, elle propose la prise de vue d’une maquette réalisée à partir de la photo catalogue de l’œuvre de Marc Couturier.

Jérémie Setton Traversé par l’histoire de la peinture et sa volonté d’apparaître comme une seconde nature, Jérémie Setton met en question l’autonomie de l’image et son possible glissement du décor vers le réel. L’illusion occupe ainsi une place de choix dans les processus mis en œuvre dans cette enquête : soumise aux règles de l’optique que l’artiste manipule avec brio, notre perception est en décalage avec ce que notre connaissance semble nous indiquer. Constituant le cœur de cet écart, le couple lumière/couleur est également la matrice des outils dont dispose le peintre. Prélevant son nuancier directement dans les éléments du paysage, Jérémie Setton raille et rallie ici réalisme et abstraction, se jouant avec humour de leur prétendue opposition. Ici, il propose un nuancier replongé dans le contexte du Château Grand Boise à Trets (Bouches du Rhône).

Florian Viel Si la démarche de Florian Viel peut se définir comme une mise en disponibilité du regard, son travail prendre la forme d’une composition d’objets Ikea, capturer l’esthétisme involontaire d’un tuyau d’arrosage ou s’attarder sur les rebuts de l’économie du tourisme de masse pour révéler l’attention qu’il convient de porter aux rencontres accidentelles. Rester sur le qui-vive. Ce prolongement des possibles que pourrait, qu’aurait pu, emprunter l’histoire de l’art, pioche avec jubilation dans les lexiques les plus vernaculaires, exploitant l’écart supposé entre la noblesse de l’art et la pauvreté du quotidien stéréotypé pour nous inviter au contraire à un enchantement à petit prix du réel.Ici, il propose une composition basée sur un protocole, à laquelle deux intermédiaires ont contribué.

Laure Vigna Au travers d’applications, de méthodes et d’implantations adaptables, Laure Vigna poursuit avec constance une exploration tout à la fois de topographies et de matériaux. Profondément lié au territoire, jusqu’à en embrasser le dénivelé et les paysages ou en dressant sa cartographie, son travail met à l’épreuve aussi bien la matérialité et l’âme des lieux que notre capacité à en percevoir les reliefs secrets, les failles du terrain et celles du regard. Les questions mises en procès dans les lignes tracées par l’artiste trouvent ici un terrain propice à la poursuite de ces explorations, en confrontant ce qui s’offre à la vue et l’expérience sensible transmise par la composition et l’agencement des matériaux. Ici, elle propose une élévation de formes et de matériaux exploitant une grande variété de strates.

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