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Elina Ioannou

Elina Ioannou

Artiste : Elina Ioannou / période : Avril-Juin 2012 / Lieu : Mairie du 11e / Exposition personnelle / Commissariat : Emilie Schalck pour Glassbox / Coordination pour la Mairie du 11e  :  Jean-Christophe Arcos / Production : Mairie du 11///

Il faut toujours faire un effort pour la création contemporaine : effort de compréhension de la part des visiteurs, effort aussi de la part des institutions pour montrer des artistes souvent cantonnés au cercle des professionnels de l’art.

La Mairie du 11e, assumant l’effervescence créatrice qui marque désormais l’arrondissement comme la ville capitale, prend sa part dans ce processus.

Cette saison, nous avons invité Glassbox, espace d’exposition géré par des artistes, qui installe cette année son nouveau lieu dans le quartier de Belleville, à investir la mairie au gré de trois expositions. En parallèle, les artistes iront à la rencontre d’habitants et d’associations du 11e pour des dialogues centrés sur l’art et le monde d’aujourd’hui.

A travers ces expositions, la Mairie du 11e affirme son attachement à la culture contemporaine, et le rôle moteur que peuvent avoir les collectivités pour promouvoir l’art actuel.

Elina Ioannou a étudié le design d’intérieur à Chypre, puis a intégré l’école supérieure d’art de Montpellier dont elle est sortie diplômée en 2005. Son parcours l’a ensuite menée de Nicosie à Reykjavik, en passant par Dresde, Alexandrie, Thessalonique et aujourd’hui Paris.

Lors de ses passages ou de ses visites dans différentes régions d’Europe et du monde, elle ne quitte jamais son petit appareil photo, grâce auquel elle capture des objets saisis dans leur quotidienneté et leur domesticité : escaliers, cuisines, chambres, autant d’espaces intérieurs qu’elle envisage avant tout comme des images pures, doublées de références aux vanités baroques.

Amas d’objets entremêlés, ses dessins cherchent à recomposer un point de vue abstrait. Tout y est retranscrit sur le même plan, avec parfois de légères perspectives, et selon le principe du collage, déjà pratiqué par les cubistes ou les surréalistes.

L’objectif n’est pas ici de faire illusion mais de laisser ces artefacts surgir, jaillir, de leur cadre blanc, et de leur redonner une autonomie métaphorique : sortis de tout contexte, devenus célibataires, ces signes quotidiens, loin d’être abattus par la plongée verticale que leur impose l’artiste, se livrent crument à l’œil.

Pour son installation dans la serre, Elina a reconstruit les vestiges d’un temple : réminiscence de l’histoire ancienne de Chypre, sans doute, comme si l’eau l’avait déposée ici ;  jeu de signes aussi avec les colonnes de la mairie et avec la forme de la serre, plongée elle-même depuis quelques jours sous un déluge printanier ; vanité encore, à mi-chemin entre le mythe et les faits, comme une carcasse sans objet.

Le plus troublant reste ce passage qu’elle réalise entre la représentation et la réalité, en convoquant le matériau brut, planches de médium, tasseaux, papier laissé blanc.

La série de dessins méticuleux accrochés dans la galerie du 2e étage se jouent d’une précision clinique pour laisser transparaître leur charge symbolique : que peut nous dire un simple bac à douche, isolé, solitaire même, que peuvent évoquer ces détails à nu, le dessin des stries antidérapantes, la vaisselle sale gisant dans un évier, le lit défait sur lequel viennent s’aplatir sèche-cheveux, palmes de natation ou pivoines, si ce n’est justement l’absence, la vacuité, un embryon d’histoire encore à accomplir, à peupler ?

Peut-être est-ce là une façon de nous inviter à entrer dans son monde, à peupler justement ses créations, à prendre la place laissée vacante ?

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