Artistes : Tancrède Agostini • Keren Cytter • Claire Dantzer • Mathieu Laurette • Ekaterina Vasiliyeva / Période : novembre 2018 / Lieu : Mairie du 13e, Paris / Commissariat : Jean-Christophe Arcos / Production : Mairie du 13e
Dès les premières lignes des Histoires d’Hérodote, considéré comme le premier historien, l’auteur envisage sa méthode selon une logique d’éclaircissement.
A partir de différents avis des combattants des Guerres médiques, qui opposèrent Perses et Grecs à partir de -498, le «père de l’histoire» tente de composer un récit en se fondant sur les versions des deux camps.
C’est donc à une véritable investigation qu’il prétend se livrer – le terme ‘histoire’ se traduit d’ailleurs littéralement par ‘enquêtes’ ; une vérité existe, qu’il s’agit, par la recherche, de faire surgir.
En s’appuyant sur la méthode tracée par l’auteur antique, l’exposition se présente comme la mise en relation d’éléments disparates mettant le visiteur au coeur d’un processus énigmatique qu’il s’agirait d’élucider : scènes confuses d’agressions, portraits de tueurs en série, certificat de décès, signalisation policière, semblent faire suite au film d’une scène originelle.
La question qui se pose alors ne porte pas tant sur ce qui s’est passé comme événement unique fondateur, dans la mesure où justement il s’avère impossible de distinguer entre des récits qui s’imbriquent, se croisent et s’hybrident ; il faudrait davantage examiner cette diffraction des points de vue, qui s’étend jusqu’à englober le visiteur comme l’un des protagonistes d’une histoire indécidable.
Outil à double sens, la vision ne peut alors que trahir : le voir n’épuise aucunement le secret qui se déroule sous nos yeux.
Les éléments disponibles ne donnent lieu ni à un mensonge, ni à une vérité, mais à la fiction d’une narration ; finalement, siquelque chose se passe ici, c’est la recherche même, tendue vers un mirage.
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